Folle journée de dimanche devant mon écran.
Après plusieurs conseils avisés, on m'a vivement recommandé d'adresser un courrier l'ACGF (=équivalent de la fédération de foot). J'y ai passé beaucoup de temps afin de rester la plus objective possible, du moins dans le déroulement des faits, et ensuite j'ai attaqué la partie la plus délicate, celle où j'expose mes reproches.
Pour celles qui auront le courage de lire....
Madame, Monsieur,
Je me permets de vous adresser le présent courrier afin de dénoncer le comportement inadmissible de Monsieur D.P, entraîneur de l'équipe des M-14 ans du XXX FC, lors du match de samedi 8 octobre 2011.
Ce jour là, XXX jouait contre YYY. Mon fils, Joël R., occupait la place de gardien avec son équipe de XXX.
A la 20ème minute de jeu, alors que mon fils effectuait une sortie dans les pieds d'un attaquant, il a bloqué le ballon avec ses mains. L'attaquant a alors continué sa course et a touché la cheville de mon fils. Ce choc a provoqué une violente torsion de son genou gauche. L'arbitre a alors sifflé une faute contre l'attaquant de YYY.
Joël a immédiatement ressenti une vive douleur au genou ainsi que des vibrations. Il est alors resté au sol, sans pouvoir bouger sa jambe. L'arbitre s'est adressé à lui en demandant comment il se sentait. A cela, Joël a répondu qu'il ne pouvait pas continuer de jouer car il avait trop mal.
Son entraîneur, Monsieur D.P, s'est alors approché de mon fils et lui a dit, je cite: «Lève-toi,mets-toi debout et essaie de marcher». Joël a clairement répondu qu'il ne pouvait pas se lever, car la douleur était trop intense. L'entraîneur a insisté une nouvelle fois pour que mon fils se lève et marche.
Monsieur D.P. a aidé Joël à se relever et il a essayé de faire quelques pas en boitant. Mon fils a tout suite affirmé qu'il ne pouvait pas continuer de jouer. Monsieur D.P. lui répondu, je cite: «Continue, la douleur va passer». Joël a répété pour la quatrième fois qu'il lui était impossible de reprendre le match, il souffrait beaucoup trop. L'entraîneur a refusé de l'écouter et a poursuivi dans son obstination en disant, je cite: «Continue, ça va aller».
Mon fils a alors serré les dents pour obéir à son entraîneur malgré ses vives douleurs et il a repris sa place en retenant ses larmes.
Le frère aîné de Joël, Damien R. (21 ans), s'est alors approché des buts. Il lui a demandé si ça allait. Joël a répondu que non, la douleur était beaucoup trop forte. Damien lui a demandé pour qu'elle raison il continuait de jouer. Joël a alors répondu, je cite: «L'entraîneur veut que je continue».
A plusieurs reprises, mon fils aîné s'est adressé à Joël pour lui dire que si la douleur était aussi forte que cela, il devait arrêter de jouer. A ce moment, Damien a constaté que son frère n'allait pas bien du tout et que la blessure était vraisemblablement sérieuse.
Damien a alors pris la décision d'aller parler à l'entraîneur. Ce dernier lui a répondu qu'il n'avait pas de gardien remplaçant et qu'il fallait que Joël continue de jouer jusqu'à la mi-temps. Monsieur D.P. a encore ajouté qu'il désirait discuter préalablement avec un autre responsable, vraisemblablement Monsieur E.S., avant d'éventuellement sortir Joël.
Il est à relevé que la conséquence de cette décision, totalement irresponsable, était que Joël devait encore jouer durant une vingtaine de minutes malgré qu'il avait très clairement dit, à quatre reprises, qu'il souffrait sérieusement au niveau du genou.
Désemparé, Damien a alors téléphoné à son beau-père, Denis G., pour l'informer des faits. Ce dernier lui a demandé d'insister auprès de Joël pour qu'il quitte le terrain, ce qu'il n'osait pas faire. Damien a encore précisé qu'il voyait son frère pleurer de douleur. Mon mari a alors dit, je cite:
«Tu rentres sur le terrain, tu prends ton frère et tu le sors». A cet instant, Damien a répondu à son beau-père qu'il allait y avoir un coup-franc et il a raccroché.
Lors de cette action, Joël a du prendre ses appuis sur son genou douloureux ce qui a déclenché une douleur encore plus intense que précédemment. Il lui a été impossible de plonger correctement et d'arrêter un tir pourtant facile. La conséquence évidente de cet acharnement stupide et irresponsable a fait que la blessure de Joël s'est encore aggravée. En effet, cette fois la douleur était intenable et il a craqué nerveusement en tenant son genou. Il ne pouvait alors plus bouger du tout sa jambe.
Son grand frère Damien a alors demandé à l'arbitre de venir tout de suite, ce qu'il a fait. Il lui a annoncé qu'il prenait lui-même la décision de faire sortir son frère, ayant constaté l'irresponsabilité des décisions de Monsieur D.P. Celui-ci n'ayant jamais tenu compte des propos de Joël au sujet de sa blessure et l'ayant exposé volontairement à un risque certain d'aggraver celle-ci.
L'arbitre a alors pris note que Joël quittait le match à la suite d'une blessure au genou gauche. Il est encore à préciser que Monsieur D.P. ne s'est pas déplacé et qu'il est resté sur le banc de touche alors que Damien portait son frère sur son dos pour le sortir du terrain.
Ce n'est que lorsque Damien est passé devant Monsieur D.P. que celui-ci s'est inquiété de savoir comment allait Joël. Ce à quoi Damien a répondu, je cite: «Regardez son genou. C'est lamentable». L'entraîneur n'a alors rien répondu.
C'est à ce moment que je suis moi-même arrivée au stade. J'ai constaté que le genou de Joël était très enflé et au vu de sa blessure, nous nous sommes rendus immédiatement à l'Hôpital X.
L'importante quantité de sang présente dans le genou de Joël n'a pas permis de poser un diagnostique précis après l'examen radiologique. Les médecins ont toutefois parlé de lésions sévères provenant soit du ménisque et/ou des ligaments avec un risque de devoir intervenir chirurgicalement. Une IRM a été agendée pour le mardi 11 octobre 2011.
La photo suivante, prise à l'arrivée à l'hôpital, vous permettra de juger de l'importance de la blessure.
(dans la lettre, il y a la photo que vous avez vu ci-dessus)
Mon mari et moi-même sommes très choqués par l'attitude de Monsieur D.P. Il est inadmissible qu'il privilégie l'éventuelle victoire de l'équipe au détriment de ses propres joueurs. Nous pouvons comprendre les ambitions d'une équipe de ce niveau mais pas jusqu'à mettre en péril la santé d'un enfant et éventuellement son avenir sportif. La priorité du bien-être du joueur concernant sa santé physique a été volontairement bafouée
L'ACGF prônant une culture de tolérance, de respect mutuel et de fair-play sur les terrains de football, nous ne pouvons pas cautionner le comportement totalement irréfléchi de l'un de vos entraîneurs. Il n'y a aucune promotion des valeurs étiques sportives dans les décisions et la non-assistance à un joueur blessé de la part de Monsieur D.P.
Nous référant à l'article publié sur le site de l'ACGF, au sujet de la protection des jeunes et des enfants dans le football, il est écrit:
Dans les cas graves, la blessure physique ou morale, ne pourra être traitée que par une aide spécialisée. Malheureusement il arrive que, dans les clubs de football, les entraîneurs se comportent mal avec des enfants; il faut donc combattre de toutes nos forces ces mauvais traitements et abus !
Au vu des faits précités, mon mari et moi-même trouvons cette situation suffisamment alarmante et inquiétante pour être dénoncée. Il nous paraît ainsi que Monsieur D.P. a violé ses devoirs, parmi lesquels celui d'être garant de l'intégrité physique de nos enfants. Il enseigne par ailleurs des valeurs auxquelles il ne peut être souscrits, lorsqu'il met l'intérêt de la progression de l'équipe au-dessus de la santé des jeunes joueurs qui lui sont confiés.
Nous déplorons amèrement que Monsieur D.P. ait gravement et intentionnellement failli à ses devoirs en forçant un enfant, malgré ses contestations, à poursuivre le jeu.
Pour ces raisons, l'intervention de votre association est simplement indispensable afin qu'une telle affaire ne puisse jamais se répéter. Nous sollicitons donc votre regard pour mettre un terme à ce genre de comportement dangereux et d'abus. L'encadrement des joueurs doit rester une priorité absolue afin qu'ils puissent donner le meilleur d'eux-même et ainsi satisfaire les ambitions d'une équipe de haut niveau.
D'ailleurs, il n'est pas exclu que le comportement de Monsieur D.P. relève du droit pénal. En effet, eu égard à la nature particulière des faits, il est légitime de retenir que son attitude a apparemment contribué à aggraver les lésions de mon fils et que cela soit constitutif d'une infraction.
Par conséquent, je vous invite à m'indiquer la suite que vous entendez réserver à cette affaire et, après enquête, les sanctions que vous aurez prononcées. Votre organe cantonal ne saurait en effet légitimer, par son inaction, de tels actes.
Une plainte pénale à l'encontre de Monsieur D.P. demeure réservée à cet égard
Dans l'attente d'une réponse de votre part je vous prie de recevoir, Madame, Monsieur, mes meilleures salutations.