par Swannah » Dim Avr 03, 2011 1:23 am
Bonsoir,
Me voici qui viens déterrer mon post perdu au loin, à la dérive après une semaine d'absence du fofo.
Cette semaine a été dure, j'ai beaucoup réfléchi. Comme mon silence le laissait penser aussi, j'ai beaucoup craqué. Mais à ce niveau là, cela ne s'appelle plus du craquage mais de l'orgie. Ce qui ne vous étonnera guère car vous avez beaucoup lu ça ces derniers temps sur mon post.
Je me suis demandé pourquoi j'étais comme ça, et moi qui ai tendance à avoir une mémoire sélective et me rappeler uniquement de ce qui ne me gêne pas, j'ai commencé à prendre conscience que j'avais ce comportement depuis plusieurs années, si ce n'est depuis toujours. C'est à dire que je mange ce que je peux trouver de plus gras ou de plus sucré en quantités monstrueuses jusqu'à me sentir littéralement exploser. Et dans un acte réfléchi, pas comme une pulsion, c'est à dire que je peux passer 20mn dans le magasin à choisir ce dont je vais me gaver. Un exemple parlant, c'est manger un pot de rillettes entier, avec le pain qui va avec, ensuite une pizza normalement prévue pour deux ou trois, ensuite une tablette de chocolat entière ou un paquet de bonbons/gâteau en entier. Tout cela en secret bien sûr... Voilà le planning de toute la semaine qui vient de s'écouler, je l'avoue non sans honte.
J'ai toujours trouvé ça anormal d'avoir ce genre de crises, mais je n'ai jamais connu personne qui soit comme ça, alors j'ai toujours pensé que j'étais juste une gloutonne. Je connais les troubles alimentaires classiques, type boulimie etc, et je sais que ça ne me concernait pas : je ne me fais pas vomir, je ne m'affame pas, il y a juste des fois ou je mange l'équivalent de quatre repas en un. C'est la première fois que je le dis.
En farfouillant sur le net cette semaine, j'ai entendu parler d'hyperphagie. Et je suis restée clouée, scotchée devant mon écran car je me suis complètement reconnue dans beaucoup d'écrits. C'est une sensation très bizarre de croire pendant des années qu'on est anormal, alors que peut être, juste, il y a une explication logique et que peut être, c'est une maladie et non pas une faiblesse de caractère...
Par rapport au régime, j'ai lu ça (désolée, c'est un peu long!):
Alors, quel est le problème si on suit un régime et que l’on maigrit ?
Le problème essentiel est que, selon l’expression consacrée : « chassez le naturel, il revient au galop ». Le contrôle ou le régime s’inscrivent dans une première étape, phase volontariste ou le sujet fait abstraction de ses signaux internes du type goût, faim et satiété pour se conformer aux règles prescrites : il faut manger équilibré, il faut manger trois fois par jour, il faut manger ceci à midi et ceci le soir, … Pour supporter cet effort surhumain, le sujet met en place des rituels, évitements, interdictions absolues… Le système se rigidifie au détriment des rythmes naturels, des goûts, … L’extrémité de cet hyper-contrôle se révèle à travers l’anorexie, sorte de régime perpétuel.
A part les personnes se tournant vers l’anorexie, l’être humain n’apprécie guère les « il faut » ou « je dois », opérateurs modaux détestables. Un tabou est fait pour être transgressé.
Le premier tabou transgressé est celui de la quantité : la personne craque en mangeant en grande quantité des aliments autorisés. Mais la satisfaction n’est guère au rendez-vous (d’où les importantes quantités absorbées).
Le deuxième tabou transgressé est celui du goût (et de la charge calorique qui en général l’accompagne) : le sujet craque pour un aliment interdit, par goût. Et comme elle compte bien continuer le régime après cet accident, elle en consomme une grosse quantité. Chaque « craquage » comme disent les adolescents, est considéré et vécu comme le dernier c’est-à-dire avec une intensité comparable à l’enterrement d’une vie de garçon.
D’un point de vue psychologique, la présence des règles entraîne deux processus qui vont venir amplifier les phénomènes : frustration et culpabilité. Frustration face aux interdits, aux arbitraires du régime (draconien ou non) et puis culpabilité après la perte de contrôle. Il est d’ailleurs à noter que dans les troubles alimentaires, les émotions que sont frustration et culpabilité sont anesthésiées et calmées d’une manière précise et particulière : par la prise importante de nourriture. Nous avons là un beau cercle vicieux. En thérapie stratégique, on nomme ce type de phénomène tentatives de solutions qui rendent le problème encore plus complexe. Ou bien à la manière d’Erickson, on peut mettre en valeur cette faculté déroutante qu’a l’être humain, face à une difficulté, de mettre en place une stratégie et, si d’aventure elle n’apporte pas satisfaction, à reproduire inexorablement : faire «encore plus de la même chose». Si il n’y a pas de règle, il n’y a pas formation de ce cercle vicieux. Il n’est pas rare dans l’approche thérapeutique des troubles alimentaires de trouver la remise en cause de la restriction cognitive au centre de la résolution de la problématique, et que la moitié du travail soit constituée par cette déprogrammation du sujet qui peut dans certains cas suffire à résoudre le problème : "Vous voulez maigrir?... Et bien mangez ce que vous voulez, dans les quantités que vous voulez et au moment où vous le voulez!" Le problème est juste de se réinitialiser, de reformater le disque dur pour le débarrasser de ces programmes dysfonctionnels et inadaptés au bien-être.
Voilà, tout ça m'a amenée à cogiter, et même si ce bouillonage de cerveau ne m'apporte pas de solution, je suis contente de connaître l'ennemi (si je me suis bien auto diagnostiquée)
Mes ennemis ne sont pas uniquement mes kilos. Derrière eux se cachent un vide ou une souffrance que le sucre et le gras me permettent de combler pour un laps de temps relativement court.
Je me suis remise dans les rails et signe ma première JP de la semaine aujourd'hui. Je poursuis l'aventure Dudu car je crois en lui, et je veux aller au bout.
Avec ce comportement, cette menace, j'ai peur un beau jour de tout envoyer valser et de retourner à mon point de départ, si ce n'est pire.
J'espère qu'à l'avenir, je saurai repenser à tout ça avant de me jeter comme une âme perdue dans la bouffe (ce qui m'aura néanmoins permis de découvrir le chocolat blanc au spéculoos cette semaine! je ne dirai évidemment pas combien de tablettes j'en ai mangé...)